mardi, avril 1, 2025
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Faustin Twagiramungu : « Les Banyamulenge, de la pure fiction ! » [Interview]

Faustin Twagiramungu ancien Premier ministre et candidat malheureux aux dernières présidentielles du Rwanda avait daigné s’expliquer en son temps sur la problématique Banyamulenge. Dans les lignes qui suivent, Il ne se limite pas à accuser. Mais il démontre que l’histoire des Banyamulenge ne relève que de la pure fiction. Des noms sont cités pour illustrer ses dires empreints de franchise et d’honnêteté. Licencié en sciences politiques, l’homme a une maîtrise en Relations internationales de l’Université Mc Gill du Québec à Montréal (Canada). Condamné à l’exil pendant longtemps en Belgique, il y a aiguisé ses armes de ténor de l’opposition contre le régime de Kagame. C’est à ce titre là que nous l’avions rencontré pour réaliser cette interview bien avant qu’il décide de retourner dans son Rwanda et se présenter aux élections présidentielles qu’il a du reste raté lamentablement. D’aucuns se demandent si ça n’a pas été un arrangement avec son ennemi d’hier. C’est quand même étonnant qu’un hutu ait été ainsi laminé et rejeté de ses pairs. Redécouvrons Faustin Twagiramungu dans cet entretien quelque peu réactualisé, et que nous sortons des tiroirs pour des besoins circonstanciels.

Q : Comment réagissez-vous face à ceux qui pensent que l’invasion de l’Est du Congo par le Rwanda est Une guerre de race ?

F. Twagiramungu : Oui. Une guerre de race, il faudrait même ajouter que c’est une guerre de race imposée. Ce ne sont pas des Congolais qui l’ont imposée mais plutôt des Rwandais. En plus, ce ne sont pas des Rwandais que l’on connaissait avant 1990. Ce sont des Rwandais venus de l’Ouganda. Ils ont imposé aussi au Rwanda une guerre de race entre les Hutus et les Tutsis. Je continue à l’affirmer, du temps de Habyarimana ce conflit entre les deux ethnies commençait à disparaître petit à petit. Malheureusement certaines personnes, c’est à dire des Rwandais qui s’étaient réfugiés en Ouganda ont tenu à s’en servir pour leurs intérêts personnels en présentant au monde un conflit qui n’en était pas un. Actuellement ce même problème a été exporté au Congo. On parle de guerre d’ethnie et de race, des Hutu et des Tutsi. C’est quand même curieux qu’on invente aujourd’hui le phénomène Tutsi à l’intérieur du Congo. Je ne connais pas, à mon âge, un pays qui a pu héberger des Rwandais comme le Congo. Les réfugiés rwandais ont inventé la guerre dans l’Est du Congo notamment dans le Masisi, nous en avons des preuves. Tout cela pour que le monde pense qu’il y a un problème entre les Tutsis et le Congo, le problème de nationalité. Soyons sérieux, on ne doit pas prendre des armes pour demander la nationalité. Il y a des instances internationales qui auraient pu aider ces Rwandais congolais à acquérir cette nationalité sans passer par la violence. En conclusion, sans me répéter, cette guerre de race a été imposée aux congolais.

Q : Des origines des Banyamulenge, qu’en savez-vous ?

F. Twagiramungu : Avant que je ne lise les journaux en novembre 1996, lorsqu’on parlait des banyamulenge qui se seraient révoltés contre le pouvoir central, j’ai été surpris. Parce que moi étant enfant, j’ai connu les banyamulenge. La plupart des gens qui s’appellent banyamulenge venaient même de ma région, donc de Cyangugu. Ils conduisaient leurs vaches et allaient faire leurs aventures dans les pâturages congolais. Alors ils allaient aux alentours des collines appelées « Mulenge ». Je les voyais venir chez mon père des temps en temps quand ils allaient se faire soigner à l’hôpital de Mimilizi pas loin de Cyangugu. Alors quand j’ai appris leur supposée révolte, je me suis aussi révolté. Car, je ne comprenais pas comment ils pouvaient quitter ces collines et s’éparpiller à travers tout le Congo et surtout occuper les régions de Goma, de Bukavu etc… Les Banyamulenge pour moi, c’est une entité inventée par les Kagame et consort afin de tromper l’opinion occidentale, les occidentaux qui ne connaissent pratiquement pas cette région-là. Et ces derniers vont jusqu’à inventer que les Banyamulenge seraient là depuis quatre siècles, qu’ils seraient à peu près un demi-million ? Alors que pour moi ils ne dépasseraient même pas quarante mille personnes. Je continue toujours à défendre que les Banyamulenge ne sont pas des congolais qui doivent engager des combats contre le peuple congolais. Ce sont des Congolais qui peuvent acquérir la nationalité comme tant d’autres. Mais de là à prendre des armes, c’est servir les intérêts de monsieur Kagame. Ce dernier n’est pas seul. Il est avec monsieur Museveni. Et les deux, j’imagine servent les intérêts de certains pays occidentaux, il faut l’affirmer.

Q : Mais avant l’arrivée de Kagame au pouvoir, nous avions aussi entendu parler des Banyamulenge. Vous semblez dire que c’est un phénomène inventé par Kagame et les siens. Pouvez-vous donner des précisions ?

F. Twagiramungu : Je crois l’avoir précisé dans mon développement. J’ai bien dit qu’avant Kagame et avant l’invasion du Congo, les Banyamulenge existaient au Congo.

Q : Etaient-ce des Tutsis rwandais ou des congolais à morphologie tutsie ?

F. Twagiramungu : Ecoutez ! C’est en fait une question pertinente. Si ces gens se sont établis au Congo, à mon point de vue, je les qualifie de Tutsis congolais.

Q : Mais d’origine rwandaise ?

F. Twagiramungu : Bien entendu. Et d’ailleurs comme je vous le disais, je sais dès mon jeune âge qu’il y a des Rwandais qui quittaient Cyangugu pour aller s’installer dans cette région de Mulenge et qui sont donc devenus congolais

Q : Automatiquement par voie de fait ?

F. Twagiramungu : Bien entendu. Mais il y a un élément que les gens ignorent et c’est peut-être le plus important. Les réfugiés rwandais qui ont quitté le Rwanda en 1959 forment aujourd’hui et je le souligne, plus de 60% de ces gens qu’on appelle Banyamulenge. Nous en avons des preuves. Parce que nous les connaissons. Ce sont des gens qui habitaient avec nous sur les collines. Qu’ils s’improvisent aujourd’hui congolais jusqu’à réclamer même le pouvoir congolais c’est extraordinaire. Ça m’étonne beaucoup. Tenez ! Je vais vous donner un bête exemple : monsieur Bisengimana Rwema, ce monsieur-là est de Cyangugu. Il est de la paroisse de Shangi. Il a fait des études au Rwanda. Il a continué ses études supérieures à l’Université de Lovanium à Kinshasa. Après sa formation universitaire au Congo, il est revenu au Rwanda réclamer du travail qu’il n’a pas eu. Il est retourné au Congo. Vous savez vous-même quelles fonctions il a occupées. S’il était encore vivant, il se serait fait passer aussi pour un Congolais. C’est ça qu’il avait fait de son vivant, ce n’est un secret pour personne. Et pourquoi ? Avait-il acquis la nationalité ? Peut-être. Mais de là à dire qu’il est originairement congolais, c’est un mensonge. Prenez le cas de beaucoup d’autres Congolais sur lesquels les congolais eux-mêmes se sont largement trompés tels que les Gaiga, et d’autres que je ne citerai peut-être pas.

Q : Pourquoi ne les citeriez-vous pas ?

F. Twagiramungu : Écoutez ! La plupart vous les connaissez. Un homme comme Mitsho qui s’est fait appeler Miko pour s’accommoder aux congolais est un Rwandais par excellence. C’est quand-même extraordinaire que les congolais se fassent voler un pays-continent par un groupe d’individus, des Rwandais qui se nomment Banyamulenge, ces pauvres pasteurs qui ont quitté le Rwanda, qui se sont installés au Congo où ils ont bénéficié de toutes les protections, de toute la sécurité de la part des autorités et du peuple congolais et qui réclament maintenant la prise totale du territoire congolais. Ce n’est pas normal. Il y a quelque chose d’illogique. Nous ne pouvons pas accepter que les occidentaux se servent des menteurs pour inventer une histoire afin qu’ils continuent l’exploitation du Congo. Nous ne pouvons pas l’accepter, je ne suis pas congolais. Mais j’ai beaucoup d’amis congolais et j’aime le Congo parce que c’est un pays voisin que je connais depuis mon jeune âge et que je préfère fréquenter. Alors vous comprenez mon indignation quand je constate que certains de mes compatriotes racontent des mensonges et trompent l’opinion internationale sur l’affaire des Banyamulenge, nous ne pouvons pas l’accepter. Je vais vous donner un petit exemple qui n’est peut-être pas nécessaire dans cette analyse-là, c’est le cas d’un Rwandais qui est en Belgique et qui s’appelle Ndoba. Savez-vous que ce monsieur-là est Congolais ? Il est arrivé en Belgique en tant que Congolais. Avec les événements du Rwanda, il est redevenu Rwandais. Aujourd’hui, il plaide la cause des Rwandais et même des Banyamulenge. Moi j’ai connu son père qui était sous-chef chez-nous. Il est de retour au Rwanda venant de la région de Mulenge, il s’appelait Mwenyamulenge. Alors ses cousins qui sont restés là continuent à s’appeler Banyamulenge. Vous conviendrez avec moi qu’on ne devra pas continuer avec cette confusion. Au besoin ce problème doit être analysé au niveau du tribunal international. On ne peut pas se bercer et dire tous on est des Banyamulenge. Il faut que des vrais banyamulenge soient connus. On ne doit pas se servir d’un peuple comme les banyamulenge pour prendre le territoire congolais.

Q : Quelle région du Rwanda est limitrophe de celle de Mulenge ?

F. Twagiramungu : Vous avez la prolongation de Mulenge avec le Bufulero. Là, il y a la commune de Bugarama frontalière avec la région de Bufulero qui descend jusqu’à englober Mulenge où vivent aussi des Babembe. Disons que la région la plus proche serait une région burundaise, pas très loin de Bujumbura. Je ne suis pas très loin de Bujumbura car je n’habite qu’à 90 Km de là. La région de Banyabugarama, celle de Bafulero, de Bujumbura et de Mulenge c’est la même région. On ne peut pas nous tromper. Personne ne peut venir raconter des histoires sur les Banyamulenge que nous ne connaîtrions pas du tout.

Q : A votre avis, les Banyamulenges qui se réclament aujourd’hui congolais et qui revendiquent tout ce que nous savons, sont-ils essentiellement d’origine tutsie ou Hutue ?

F. Twagiramungu : Ceux qui réclament sont d’origine tutsie. Ceux qui seraient d’origine hutue, même s’ils sont banyamulenge, sont toujours rejetés et je sais qu’il y en a. Mais on ne les accepte pas. C’est là où la situation est très grave. Parce que l’idéologie kagamiste et compagnie est purement raciste. Elle (idéologie) consiste à toujours dire que les tutsis sont victimes, il faut que la communauté internationale leur donne des armes pour se protéger. Pourtant personne ne chasse ces gens-là. Au Rwanda, j’imagine que la situation aurait trouvé une issue heureuse si les gens n’avaient pas manipulé l’élément raciste. Et comme cette situation raciste leur donne facilement accès au pouvoir en anéantissant des milliers des personnes, ils vont toujours continuer avec la même histoire au Congo. Ils causent des situations douloureuses dans le Masisi, dans le Sud-Kivu et veulent continuer dans le Katanga notamment à Moba prochaine ville visée en prenant prétexte que le roi Musinga après avoir été chassé du Rwanda par les Belges, s’est installé à Moba. Il y aurait laissé des Banyamulenges, donc cette ville leur reviendrait et partant toute la région du Katanga. C’est quand-même un phénomène extraordinaire qu’il faut absolument combattre. C’est du racisme. Nous n’avons pas d’autres analyses. Nous n’avons d’autre choix que de le combattre. Parce que ceci peut nous amener à une sorte d’apartheid à la rwandaise ou à l’africaine et nous ne l’accepterons pas.

Q : Pensez-vous comme Pasteur Bizimungu, alors président du Rwanda, qui lors d’un sommet des Chefs d’États d’Afrique et de France à Paris, disait qu’il faudrait revoir les tracés des frontières, c’est-à dire remettre en question la Conférence de Berlin de 1885.

F. Twagiramungu : Non. Je crois que monsieur Bizimungu est un homme tout à fait apolitique. J’ai eu l’occasion de travailler avec ce monsieur là quand il était sous mes ordres pendant trois ans, je n’en dirai pas davantage. Mais réclamer les frontières qui existaient bien avant 1885 lors de la Conférence de Berlin, c’est franchement une aberration. Ce n’est pas possible qu’au-delà d’un siècle et plus des gens viennent modifier ce qui ne doit pas l’être. Que deviendraient le Cameroun, le Tchad, le Congo et tous les autres ? Devraient-ils revoir aussi leurs frontières ou bien doit-on le faire uniquement parce que le Rwanda est supposé lésé ? Et curieusement pourquoi est-ce que monsieur Bizimungu qui travaillait sous les ordres de Kagame et en particulier de Museveni, il faut le préciser, ne réclamait pas la région du Rwanda qui s’appelle Bufumbira qui se trouve à l’intérieur de l’Ouganda aujourd’hui ? Pourquoi ces gens ne réclament pas la région d’Ankole d’où vient Museveni lui-même qui faisait partie intégrante du Rwanda ? Les habitants de Bufumbira, les Bagandais c’est à dire Ougandais les appellent des Rwandais. C’est une région frontalière avec Ruwengeri, pourquoi ne réclame-t-on pas ça avant d’aller réclamer les régions congolaises ?

Q : Vous voulez dire que c’est une partie du Rwanda qui a été prise par L’Ouganda ?

F. Twagiramungu : Non ! Elle a été prise lors de ce fameux partage de Berlin. Ce sont des rwandais qui sont là. Ils parlent notre langue et dans la classification des tribus ougandaises, les gens qui habitent cette région sont de la tribu Benyarwanda donc des rwandais. Alors, je me demande pourquoi monsieur Bizimungu prétendument politicien ne commencerait pas par réclamer ce territoire à monsieur Museveni plutôt que d’aller se battre au Congo au-delà de 1000 Km où il n’y a même pas un grain de poussière du territoire rwandais. L’objectif n’est pas celui-là. Je crois que monsieur Bizimungu est utilisé par les forces du mal qui sont au Rwanda. Personnellement ce n’est pas pour le dénigrer mais je ne sais pas s’il comprend ce qu’il dit. Sur le plan international, envisager de revoir le tracé des frontières qui existaient avant 1885 équivaudrait à dire que les américains doivent revenir et donner le continent aux peaux rouges et puis les Australiens etc…Nous devons vivre en paix et respecter l’intangibilité des frontières des autres pays. C’est l’essentielLe Rwanda peut vivre mieux en respectant les frontières du Congo et de tous ses autres voisins. Le reste, ce sont des histoires chimériques.

Q : A votre avis, pourquoi Kagame et ses affidés s’acharnent-ils à récupérer une partie du Congo ?

F. Twagiramungu : Il y a d’abord une ambition personnelle. Il trouve qu’aujourd’hui la conquête est devenue facile. Il faut tuer et savoir mettre ses morts sur le dos des autres et continuer la bataille. Kagame trouve que c’est facile, il a massacré 200.000 personnes. Et il n’a jamais été inquiété pour cela. Personne ne le qualifie de génocidaire. On est en train de courir après l’ex-dictateur Pinochet pour 3000 personnes. Kagame a accepté lui-même en juillet 1997 qu’il a massacré 200.000 personnes, qu’il a chassé Mobutu du pouvoir. Curieusement là, le silence est absolu. Pourquoi ? La question reste posée. Revenons à la question de savoir pourquoi Kagame réclame le territoire congolais, à mon avis, c’est d’abord une ambition personnelle. Mais ça cache autre chose. Il ne faut pas se gêner de dire que la partie occupée est une région riche. Compte tenu de cela, ce monsieur voudrait s’en approprier et ça lui permettrait bien entendu l’exploitation d’autres régions non réclamées historiquement.

Q : Pensez-vous réellement que Kagame et compagnie prendraient un jour tout le Congo ? Ma question n’est pas anodine parce que vous avez dit, lors de votre voyage au Congo en 1995, que vous aviez eu des contacts avec certains Congolais et vous leur aviez prédit ce qui se passe actuellement. A l’époque ils ne vous avaient pas compris. Avez-vous le sentiment que l’objectif ultime de Kagame est de prendre tout le Congo ?

F. Twagiramungu : Je pense que si les congolais ne s’organisent pas, Kagame prendra le Congo. Pourquoi ? C’est un problème d’alliance aujourd’hui. Si monsieur Kagame continue à flirter avec les américains qui vont lui fournir des armes tout en neutralisant les Angolais qui soutiennent Kabila. C’est un problème d’intérêt. Qui peut assurer que l’exploitation du Congo se fasse sans entraves ? Monsieur Kagame peut enrichir ses frères et cousins tout en exploitant le Congo en assurant peut-être une sécurité pendant une quinzaine d’années pourquoi pas, je ne vois pas de raison. Mais alors à très long terme. Il risque beaucoup. Parce que je suis sûr que les Congolais vont s’organiser et combattre Kagame jusqu’à le bouter hors du Congo. Ceci se fera. Mais si les congolais ne font pas attention, je ne vois pas pourquoi Kagame ne prendrait pas tout le Congo. D’ailleurs en commençant par Kitona, Matadi et autres coins de l’Ouest du pays, n’eut été l’intervention de l’Angola et du Zimbabwe, ne croyez-vous pas que le Congo serait déjà pris ? Je pense que oui, de mon point de vue. Et par qui ? Par James Kabarebe envoyé de Museveni et Kagame. Je crois que si on ne fait pas des alliances, si le congolais lui-même ne se réveille pas pour combattre les envahisseurs, il y a des risques que ce pays puisse être partagé entre les aventuriers de toutes sortes. C’est pourquoi d’ailleurs je déplore le fait que les anciens mobutistes croient que les alliances qu’ils font avec Kagame peuvent durer longtemps. Ils se trompent. Je crois que ce que Kagame fera une fois la victoire réalisée sera de les éliminer l’un après l’autre. Et ce sera un coup terrible. Je crois fermement que les congolais ont un devoir absolu de s’organiser eux-mêmes et de combattre les envahisseursS’ils ne le font pas, ils seront battus et le pays sera déchiré en petits morceaux. L’Ouganda et le Rwanda continueront paisiblement leurs exploitations. Je crains fort que les Burundais qui sont au pouvoir aujourd’hui puissent réclamer aussi une part. Ça peut durer une quinzaine d’années, je vous assure. Tenez ! Savimbi a exploité un territoire à l’intérieur de l’Angola, pourquoi est-ce que les autres ne le feraient pas ? Toujours sous le parapluie de mensonge des banyamulenge. Telle est ma réponse à votre pertinente question.

Q : Au fait si je vous ai bien compris, les banyamulenge, ce n’est qu’une fiction ?

F. Twagiramungu : Quoi d’autre puis-je ajouter à cela ? Comme je vous l’ai dit, moi tel que je connais ces gens, ce que je viens de vous dire, c’est ce que je connais, je ne l’ai pas lu. Je ne peux pas croire un seul instant que les vrais Banyamulenge puissent prendre les armes pour s’emparer du pouvoir au Congo. Ces gens-là sont utilisés par ceux qui veulent exploiter ce paysMais retenez ceci : Dans cette fiction, c’est surtout les rwandais qui ont quitté leur pays en 1959 et en 1963 qui se transforment en banyamulenge congolais parce qu’ils savent que le contrôle est relaxe. On les connaît. Et j’imagine que vous-même, vous les connaissez. Mais les pauvres banyamulenge, ces pasteurs qui courraient après leurs bêtes, je ne crois pas qu’il soit temps pour eux de prendre les armes et réclamer le pouvoir central. Tout au plus ils peuvent réclamer pacifiquement la nationalité et pas aller au-delà des centaines de kilomètres pour prendre le pouvoir. En bref il y a des voleurs qui poussent les banyamulenge. Et ces voleurs de pouvoir, les Congolais doivent savoir les chasser eux-mêmes.

Q : Et James Kabarehe ou Kabarebe est-il un mwenyamulenge ?

F. Twagiramungu : Oui bien entendu c’est ce que Kagame a affirmé sans honte devant un journaliste de Washington Post au mois de juillet 1997.C’est incroyable ! Ce jeune monsieur je le connais. Il s’appelle Kabarebe et non Kabarehe comme il l’a fait croire aux congolais. C’est un nom d’Ankole. Lui, c’est un Rwandais. Il est né dans cette région de l’Ouganda. Il parle notre langue. Je l’ai rencontré pendant les 13 mois que j’étais aux affaires au Rwanda ; je m’entretenais avec lui. Pour des raisons que vous connaissez, ils l’ont appelé Kabarehe afin de créer une confusion entre les congolais qui portent ce nom, il y en a beaucoup surtout chez les Bashis et tirer la conclusion qu’il s’agit là d’un mwenyamulenge, c’est trop facile. Kagame avait dit qu’il s’agit d’un mwenyamulenge de Masisi. On n’a jamais vu de banyamulenge à Masisi. Un Occidental, Américain particulièrement qui lit la déclaration de Kagame, il y croit profondément. Il croit que ce dernier dit la vérité et que monsieur Kabarebe est un congolais qui combat pour récupérer sa nationalité. On ne peut pas continuer à utiliser le mensonge, à obnubiler l’esprit des occidentaux qui fournissent des armes à ces aventuriers pour prendre le territoire des autres en racontant des mensonges. Je ne cesserai de le répéter, je ne peux pas accepter que des gens se servent de mon pays pour aller conquérir d’autres pays. Sur ce principe, moi-même je suis prêt à me battre. Ces gens se battent tout en sachant pertinemment bien qu’ils sont Rwandais. Il n’y a que les congolais qui les acceptent des temps en temps pour dire que ce sont des banyamulenge. Ils ont créé une réelle confusion dans l’esprit des congolais, même vous aujourd’hui vous hésitez. Vous vous demandez si Kabarebe est réellement rwandais ou mwenyamulenge ? C’est une confusion totale. Quand ils ont échoué à Kitona et Matadi, ce monsieur est retourné tranquillement au Rwanda. Nous avions reçu des informations, à l’époque, selon lesquelles il serait tué. Je n’en étais pas très sûr. C’était de l’intox. Je sais que quand je suis arrivé à Kigali, on m’a attribué la résidence qu’il occupait. Vous comprenez que je n’invente rien. C’est la preuve la plus authentique que je connais bien James Kabarebe. C’est lui qui m’envoyait la garde chaque semaine. Je causais avec lui chaque semaine.

Q : Qui était-il à ce moment-là ?

F. Twagiramungu : Il était commandant de ce que nous appelions la garde républicaine du Rwanda. C’est lui qui était chargé de mettre des soldats à la disposition du président, du vice-président et du premier ministre pour assurer leur garde. Ça me surprend que ce monsieur prenne l’avion pour aller dire qu’il est Congolais. On ne peut pas tolérer ce genre de mensonge pour que des gens se fassent piétiner, qu’on tue des pauvres paysans, etc…

Q : Mais toutes ces vérités, pourquoi les gardiez-vous ?

F. Twagiramungu : Je ne les garde pas je suis en train de vous les livrer.

Q : Oui mais c’est seulement aujourd’hui que vous les livrez !

F. Twagiramungu : Que voulez-vous que je fasse ?

Q : Pourquoi n’êtes-vous jamais passé sur le plateau de télévision pour expliquer tout ça. Vous parlez si clairement et si librement qu’on se rend compte que vous maîtrisez la situation.

F. Twagiramungu : Quel plateau de télévision ? Les journalistes d’ici préfèrent leurs experts français, belges et américains à Faustin Twagiramungu. Moi, évidemment, ça m’agace quand je vois ces occidentaux discuter des affaires de mon pays alors que je suis ici. Ça me fait très mal au cœur. Je ne peux pas comprendre que quelqu’un puisse prétendre connaître mon histoire plus que moi. Ça m’énerve. Je préférerais qu’il y ait un débat avec des gens du FPR [Front Patriotique Rwandais, le mouvement insurrectionnel tutsi de Paul Kagame qui s’est emparé du pouvoir par les armes après les assassinats des présidents rwandais Juvénal Habyarimana et burundais Cyprien Ntaryamira ; NDLR] qui sont ici et aussi avec ces prétendus experts qui défendent le F.P.R.

Q : Seriez-vous prêt à en découdre avec eux sur un plateau de télévision ?

F. Twagiramungu : Bien entendu ! Pourquoi pas ? J’ai lu l’interview que vous avez accordée à l’ambassadeur du Rwanda en Belgique. Soyons honnêtes, il n’a pas voulu avouer qu’il était Congolais. Il est redevenu rwandais après la victoire du FPR. Je sais qu’il ne peut pas modifier car je sais comment nous l’avions nommé ambassadeur. Je reste radical. Les congolais doivent demeurer plus agressifs en ce qui concerne leur territoireLes Rwandais qui veulent rester au Congo devraient essayer de travailler avec les Congolais pour qu’il y ait la paix dans cette région.

Q : A vous entendre dire tout à l’heure que vous invitez les congolais à récupérer leur territoire et à combattre le mensonge, n’étiez-vous pas choqué de voir à la télévision lors de la fameuse guerre de rébellion, des Congolais brûler certaines personnes, les traîner longtemps par terre et les jeter dans des cours d’eau tout simplement parce qu’ils les considéraient comme des Rwandais ?

F. Twagiramungu : Vous voulez parler de ce qu’il s’est passé dernièrement à Kinshasa. Il y a des choses qu’il faut considérer. Il y a d’abord la bataille entre les soldats eux-mêmes, et la bataille entre la population et les infiltrés. Le deuxième cas est un phénomène plutôt psychologique. On ne peut pas croire un seul instant que si quelqu’un vient vous tuer, tuer votre président et occuper votre territoire vous vous laisserez faire. La réaction est peut-être sauvage. Mais dans certains cas, j’imagine qu’il faut essayer de l’interpréter et de la comprendre (la réaction). C’est absolument essentiel que ça ne se fasse pas de façon étendue. Je crois qu’en cas d’auto-défense certaines personnes qui attaquent, doivent faire attention.

Q : Ne pensez-vous pas vous attirer des ennuis de la part de vos compatriotes qui vous entendraient réagir de cette façon et sur ce ton-là ?

F. Twagiramungu : Quels ennuis ? Les voleurs doivent être punis. Il n’y a pas d’autre langage. Ce n’est pas ce genre de vocabulaire qui puisse m’effrayer. Je ne veux pas qu’on me traite de révisionniste de négationniste. Je ne suis pas de l’idéologie occidentale. Je vois les affaires africaines avec un œil africain. Le négationnisme et le révisionnisme ne répondent pas à notre idéologie. Ce sont des analyses politiques que des gens font ici et qui répondent à l’idéologie occidentaleChez-nous en Afrique, un voleur qui veut vous tuer, vous arracher votre bien ou votre enfant, la punition est connue. Il y a des circonstances où l’on ne peut pas faire justice, où les gens se font eux-mêmes justice. C’est très regrettable. Mais c’est comme ça. Ceux qui attaquent, souvent veulent d’ailleurs que ces scènes apparaissent pour qu’ils trouvent la raison d’accuser l’agressé ou la victime. Ne le savez-vous pas ? Ils trouvent des raisons pour dire qu’on les a sauvagement tués et par conséquent ils doivent se défendre. C’est ce qui est arrivé. Dans d’autres mots : les gens sont provoqués et cette provocation engendre des réactions douloureuses et regrettables.

Q : Tout au début, vous avez dit que Kagame a personnellement reconnu avoir tué un certain nombre des rwandais. Il aurait reconnu certains massacres et tous ses abus. Mais personne ne l’attaque ni ne l’inquiète comme on l’a fait à Pinochet et à Fidèle Castro. Et vous-même qu’avez-vous fait à Kagame ? C’est à vous de porter plainte contre ce monsieur que vous qualifiez de génocidaire. Je ne parle pas seulement de vous individuellement mais des Rwandais lésés en général. Soit dit en passant, les Congolais l’ont fait contre Kabila lors de son dernier passage en Belgique et en France.

F. Twagiramungu : Les Rwandais aussi l’ont fait à maintes reprises. Ils ont même manifesté quand Kagame était en Belgique. Mais ça n’a pas donné gain de cause. Je crois que monsieur Kagame jouit d’une certaine crédibilité sur le plan international puisque les gens ne le connaissent pas assez. C’est dommage ! Et même quand il se déclare comme étant violent, personne ne prête l’oreille à ce qu’il dit. Il a donné plusieurs exemples pour démontrer qu’il a des capacités de nuisance et de violence extraordinaires qui dépassent de loin celles de monsieur Pinochet. Revenons tout simplement à l’assassinat de monsieur Juvénal Habyarimana, quelle hypothèse voudriez-vous encore qu’on puisse adopter ? Des extrémistes qui l’auraient tué ? Je ne crois pas. Monsieur Kagame devrait endosser la responsabilité entière de l’assassinat de deux présidents Habyarimana et le burundais Ntaryamira. Une fois de plus, c’est un silence assourdissant autour de ces deux morts quoique toutes les preuves soient réunies pour que ce monsieur-là soit traduit devant les tribunaux. D’autre part, lui-même a avoué avoir confectionné le plan d’attaque des camps de réfugiés et que tout ce qui s’est passé au Congo en 1996 et en 1997 tombe sous ses responsabilités. Mais la communauté internationale ferme les yeux, comme je l’ai dit plus haut. Et c’est comme si elle nous lançait un défi en disant : les hutus ce sont des génocidaires, ils méritent d’être punis n’importe comment. Les Tutsis ce sont des victimes, ils doivent se défendre toujours en tuant. Ce n’est pas normal.

Q : Revenant au dossier « Banyamulenge », pensez-vous que la main mystérieuse pour ne pas dire la main noire de Museveni reste toujours présente ?

F. Twagiramungu : Oh là là ! La main cachée de Museveni est toujours là. Museveni a fait ses stratégies à long terme. C’est là, je crois, son point fort. Car il planifie. L’africain en général ne planifie pas. C’est là toute la différence avec les autres. Museveni sait pertinemment bien ce qu’il va faire dans les cinq ans à venir. Les autres ne le savent pas. Ils travaillent au jour le jour. Museveni et ses compagnons avaient bien ce plan de conquérir le Rwanda, y créer des contradictions internes, rebondir et sauter sur le Congo et faire la même choseOn a utilisé les réfugiés rwandais pour le Rwanda, on devrait utiliser les banyamulenge pour le Congo. Cela a tenu et jusqu’à aujourd’hui ça tient encore. Museveni est toujours là. Il exploite les mines de diamant aux alentours de Kisangani et poursuit son avancée militaire tant au sud qu’au nord du Kivu et à l’intérieur de la région du Haut-Congo.

Q : Quelle solution préconisez-vous pour mettre fin à cette fiction ?

F. Twagiramungu : Je crois qu’il appartient aux congolais de trouver une solution. Moi je ne pourrai pas. Il faut faire un recensement et déterminer qui est qui ? et qui n’est pas mwenyamulenge ? Ceci n’est possible que dans des circonstances pacifiques. Pour l’heure, c’est très compliqué. Car, ils risquent de déverser des gens venus de l’Ouganda et même des Rwandais authentiques dans des régions du Congo. Ils les appelleront Banyamulenge. Ils les présenteront devant la presse internationale comme tels. Personne ne contredira. Ceux qui oseront riposter seront assassinés. C’est ce qu’on fait aujourd’hui. Alors là je crois que le Congo est en train de perdre, si pas la totalité, mais une bonne partie de la région du Nord et du Sud Kivu sous des arguments de récupération des territoires perdus lors de la conférence de Berlin et d’ assurer la protection de leurs congénères Banyamulenge se trouvant au CongoCroyez-moi, à cette allure cette histoire peut durer un demi-siècle si les congolais ne font pas preuve de vigilanceLa deuxième solution envisageable pour le Congo, c’est de créer une puissance militaire qui permette de dire un mot dans la région des Grands LacsLe Congo est un grand pays qui s’il était mieux organisé, même l’Afrique du sud ne prétendrait pas être plus forteMalheureusement à ce jour, c’est manifestement la faiblesse économique, politique et militaire qui handicapent le Congo. S’il réunissait les trois conditions, pensez-vous que Kagame oserait combattre ? Je ne le crois pas. Donc la solution se trouve dans la réorganisation de ce pays comme je l’ai tantôt décrit.

Q : Seriez-vous prêt à participer à un débat télévisé au Congo ?

F. Twagiramungu : Bien entendu ! Pourquoi pas ? Même au Rwanda si on m’assure la sécurité j’y irai. Oui aussi parce que des menteurs dominent la politique de notre région, des voleurs, des bandits, des aventuriers attirés par la richesse du Congo. Vous ne savez pas combien ce pays est en train d’être déchiré et volé par des gens que je connais personnellement et qui avaient juré qu’ils prendraient le Congo ne fût-ce que pour voler le diamant et l’or qu’il y a parce le pays est désorganisé.

Q : Qui sont-ils ?

F. Twagiramungu :  Il n’est peut-être pas temps de citer leurs noms ou les confidences. Sachez que je le sais. Le moment viendra où je citerai les noms. Ce n’est pas par amour des Banyamulenge que ce pays est attaqué. Mais par amour du diamant, de l’or, du cobalt, du cuivre et de toutes ces richesses dont le Congo est plein.

Q : A l’heure qu’il est, quel est le mot de soutien que vous aimeriez adresser particulièrement aux vrais congolais habitant la région de Banyamulenge. Je ne parle pas de Tutsi mais plutôt des Congolais qui sont entrain de mourir dans cette partie de la République.

F. Twagiramungu : Il n’y a pas une autre formule que de les encourager. Ils sont en train de mourir actuellement. Ils se donnent en sacrifice pour la libération de leur pays. Ce qui leur manque, c’est peut-être l’organisation mais sûrement le soutien de la communauté et de la presse internationales. Les distances étant ce qu’elles sont entre Kinshasa et les régions d’Uvira et de Banyamulenge, ils en souffrent beaucoup. Personnellement je les encourage à résister. Le pays leur appartient et ils ne doivent pas reculer ; bien au contraire il faut qu’ils cherchent des alliances et continuent leur combat.

Q : Pouvez-vous confirmer que vous iriez au Rwanda si toutes les conditions de sécurité étaient réunies ?

F. Twagiramungu : Pensez-vous que je continuerai à faire ma politique dans cet appartement à Bruxelles ? Il faudra que j’aille dans mon pays. On ne peut pas abandonner son pays aux mains des gens qui le connaissent très mal et qui comptent curieusement sur l’appui des américains. Mon pays est dirigé par fax et par téléphone, ce qui est regrettable. Il est temps que l’on ouvre les yeux et que l’on discute de la politique. Mais on ne peut pas parler politique avec des gens qui vous tiennent le couteau sur la gorge. Quand vous dites qu’ils tuent, ils disent non et vous qui dénoncez-vous devez disparaître. C’est pourquoi je ne le dirai jamais assez, l’assassinat de monsieur Sendashonga est un grand coup. On ne peut pas trouver un homme qui s’était donné corps et âme pour son pays et même pour le FPR mieux que ce personnage-là. Il était le ministre de l’intérieur du F.P.R. au sein du gouvernement que je conduisais. Nous avions démissionné ensemble. Il a été assassiné au mois de mai 1998 à Nairobi parce qu’il contredisait monsieur Kagame. Nous réclamons la sécurité. Nous ne pouvons pas aller au Rwanda sans sécurité.

Q : Il a été assassiné tout simplement parce qu’il disait la vérité ou il contredisait Kagame.

F. Twagiramungu : Il contredisait Kagame tant quand nous étions au gouvernement que quand nous en étions partis. Après notre démission, nous avions mis en place l’organisation politique qui nous permettrait de nous exprimer. C’étaient les forces démocratiques de résistance. Je suis indéniablement dans l’opposition. Les méthodes que Kagame utilise pour assassiner les politiciens sont un peu sophistiquées, dans lesquelles il doit être assisté par des services secrets étrangers. Si le Kenya, les États-Unis notamment voulaient que la vérité soit connue au sujet de l’assassinat de monsieur Sendashonga, ça ne prendrait pas deux heures. Nous avons des informations sur sa mort. Mais curieusement on continue à couvrir Kagame toujours en se servant du génocide rwandais. Même pour le Congo, c’est le même scénario. Je crois qu’il y a eu un génocide au Rwanda. Mais s’en servir continuellement tant sur notre territoire que sur celui des voisins, je trouve cela ridicule.

Q : Et le dernier mot ?

F. Twagiramungu : Puisque vous m’offrez cette occasion je dirai : Le Congo est un pays d’avenir et qui constitue un grand espoir pour beaucoup d’africains compte tenu de ses dimensions, de ses richesses et de ses citoyens. Il y a beaucoup d’intellectuels et de politiciens intelligents au Congo. Nous souhaitons qu’ils se mettent ensemble pour trouver des solutions appropriées à la situation actuelle. Ce faisant, ils pourront concrètement définir ce que c’est les Banyamulenge. Ces derniers (les banyamulenge) s’ils réclament la nationalité, ils peuvent l’obtenir sans prendre les armes et sans prêter main forte aux aventuriers venus de l’Ouganda et qui veulent dominer toute la région des Grands Lacs. Je demanderai aux Congolais d’être plus agressifs et de rester unis entre-eux pour que la vérité puisse triompher. Pour terminer je ne peux qu’exprimer le regret de ce qui se passe au Congo, l’exploitation de ses richesses qui sont aujourd’hui vendues à Kigali et à Kampala. Les deux capitales étant devenues les plaques tournantes de presque toute l’économie de la région. Ce que veulent ces gens, c’est l’exploitation de ce pays et non pas le bien ni la paix de son peuple. C’est là ma conclusion.

Interview réalisée par Zadain KASONGO. T.

NDLR : Cette longue interview de l’opposant rwandais Faustin Twagiramungu qui vivait en exil en Belgique a été réalisée par l’excellent confrère Zadain Kasongo très longtemps avant sa mort le samedi 02 décembre 2023 à Bruxelles où il vivait avec sa famille en Belgique. Premier ministre hutu de juillet 1994 à août 1998, juste après le génocide, il avait été candidat malheureux à l’élection présidentielle en 2003 remportée par Paul Kagame, toujours au pouvoir aujourd’hui. Depuis son exil, Faustin Twagiramungu était resté très critique du pouvoir à Kigali, dénonçant notamment le régime de Paul Kagame, qualifié de « dictature cruelle ». Il se fait que deux ans après sa mort jusqu’à aujourd’hui, l’aventure militaire de Kagame dans l’Est de la RDC est restée la même : la défense de la minorité tutsi dite banyamulenge marginalisée en RDC ; mais en réalité le pillage des ressources naturelles que regorgent cette partie du pays au profit de son régime.

Lien vers l’article : https://www.lautre-info.com/2025/03/faustin-twagiramungu-les-banyamulenge-de-la-pure-fiction-interview/

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