Que sait-on des discussions directes de Doha entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23…

C’est depuis le jeudi 27 mars 2025 dernier que des délégations séparées des représentants du gouvernement congolais d’un côté et ceux de la rébellion rwandaise dit M23 de l’autre, se trouvaient au Qatar pour une série des discussions directes. Qu’en sait-on à ce jour ?

Conviés à Doha par le médiateur qatari, elles avaient comme objectif de poursuivre les discussions discrètes entamées le 18 mars 2025 après la rencontre surprise entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame sous l’initiative de l’Emir Tamim Ben Hamad Al Thani en vue de trouver une solution à la crise dans l’Est de la RDC.

Dans sa posture, le Qatar qui tient à garder le contrôle sur la communication ; a verrouillé tous les canaux possibles, insistant sur la discrétion et le silence depuis une semaine que se déroulaient ces pourparlers directs entre les délégations de Kinshasa et de l’AFC/M23. Très peu d’informations ont filtré, une méthode qui avait réussi de réunir Félix Tshisekedi et Paul Kagame, là où d’autres initiatives angolaise et kenyane avaient échoué.

Consultés d’abord séparément, les discussions entre les deux camps n’en seraient qu’au niveau des préalables. Malgré le « blackout » total imposé, quelques informations ont fuité de ce premier round des discussions directes entre la délégation gouvernement congolais représenté par Madame Thérèse Kayikwamba Wagner, Ministre des Affaires étrangères, Coopération Internationale et Francophonie de la RDC et celle du M23.  Si du côté congolais on parlait des techniciens composés des spécialistes du renseignement et des experts militaires, de celui des rebelles ; ce serait Bertrand Bisimwa, chef politique du M23 qui conduisait la délégation, aucune personne de l’AFC de Corneille Nangaa.

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Bien avant le début de cette rencontre, le Qatar avait publié un deuxième communique dater du 24 mars 2025 consécutivement à la Déclaration conjointe entre l’État du Qatar, la République du Rwanda et la République Démocratique du Congo lors de la rencontre entre les présidents Tshisekedi et Kagame du 18 mars.

Entre les lignes, on pouvait y lire la volonté de l’émirat d’encourager les engagements de la RDC et du Rwanda « en faveur d’un dialogue visant à apaiser la situation dans l’Est du Congo », tout en saluant la « positivité et les efforts pour résoudre la crise par le biais des initiatives pacifiques ».                                         L’ensemble sur « l’espoir de voir se poursuivre cette approche constructive et cet esprit positif afin d’assurer la protection des civils et de parvenir à la sécurité et au développement » et ça dit tout.

Mais que sait-on de la rencontre elle-même ?

Sous la médiation du Qatar, avec l’implication d’autres partenaires internationaux ; l’objectif principal de cette rencontre était de trouver un début de cadre de dialogue visant à une résolution pacifique du conflit en RDC, notamment dans la partie Est du pays. Les points clés ci-dessous auraient été discutés par les deux délégations à savoir :

1. Engagement en faveur du dialogue.

Les deux parties ont réaffirmé leur volonté de poursuivre le dialogue en vue d’une solution pacifique au conflit. Un comité de suivi sera mis en place pour assurer la continuité des discussions et le respect des engagements pris.

• Des exigences du gouvernement congolais
• Retrait immédiat et inconditionnel du M23 des zones occupées, notamment Rutshuru, Masisi et une partie de Walikale.
• Désarmement progressif des combattants du M23, sous la supervision d’observateurs internationaux.
• Refus catégorique d’une intégration automatique des combattants dans l’armée (FARDC), contrairement aux demandes du M23.

3. Des revendications du M23

• Demande de garanties de sécurité pour ses membres avant tout retrait.
• Insiste sur une représentation politique au sein des institutions congolaises.
• Demande d’une amnistie générale pour les combattants et leaders du mouvement.

4. Du rôle de la communauté internationale

• Le Qatar, médiateur principal, s’est engagé à faciliter de nouvelles négociations et à assurer un suivi des engagements.
• L’Union africaine (UA) et la SADC ont réaffirmé leur soutien à une solution politique et non militaire.
• Des discussions sont en cours pour établir une force neutre d’observation afin de vérifier l’application des décisions.

5. Des blocages et désaccords persistants

Aucun accord concret n’a été signé, car les positions restent très éloignées sur plusieurs points :

• Le M23 refuse toujours un retrait sans conditions et exige des garanties politiques et militaires.
• Le gouvernement congolais exclut toute négociation tant que le M23 ne se retire pas des zones occupées.
• La question du rôle du Rwanda dans le conflit demeure un sujet sensible, avec Kinshasa accusant Kigali de soutenir activement le M23.

Conclusion : vers une nouvelle phase de négociations ?

Aucune avancée majeure n’ayant été obtenue, mais cette réunion a permis de maintenir un canal de discussion ouvert. De nouvelles rencontres sont prévues, mais sous condition d’un début de retrait des troupes du M23 des zones occupées. La communauté internationale pourrait accroître la pression sur le M23 et ses soutiens pour favoriser une solution pacifique.

Les prochains jours seront décisifs pour voir si les deux parties feront des concessions ou si le conflit reprendra dans une tournure encore plus violente sur le terrain.

À lire aussi : Doha, les dessous d’une rencontre inattendue Tshisekedi et Kagame au Qatar https://www.afriwave.com/2025/03/19/doha-les-dessous-dune-rencontre-inattendue-tshisekedi-et-kagame-au-qatar/

Un dossier à suivre…

Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi pour afriwave.com