Prétoria, Afrique du Sud. Le Général Muhoozi Kainerugaba, Chef d’État-major des Forces de Défense Populaire de l’Ouganda (UPDF), a rencontré le 02 Avril 2025 le Président sud-africain Cyril Ramaphosa pour lui transmettre un message crucial du Président ougandais Yoweri Museveni.
La visite du trublion fils du dictateur ougandais intervient dans un contexte régional tendu, marqué par le conflit en République Démocratique du Congo (RDC), où les Forces de Défense Nationale Sud-Africaines (SANDF) combattaient aux côtés des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) contre les terroristes du M23, sous mandat de la Mission de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe en RDC (SAMIDRC).
Le communiqué officiel de l’office du Général Kainerugaba indique que cette rencontre visait à renforcer les relations bilatérales entre l’Ouganda et l’Afrique du Sud, tout en abordant les préoccupations sécuritaires communes dans la région. Si le contenu exact du message de Museveni reste confidentiel, il est raisonnable de supposer qu’il touche à des questions de sécurité régionale, notamment le conflit en RDC, ainsi qu’à des opportunités de coopération diplomatique et économique.
Two days ago it was my great pleasure and honour to meet H.E.Cyril Ramaphosa, President of South Africa. I passed on the President's message to him and also took the opportunity to imbibe some of his vast knowledge and experience. It is always an honour to meet such a wise man. pic.twitter.com/NRzPuOIkaM
— Muhoozi Kainerugaba (@mkainerugaba) April 3, 2025
Une convergence diplomatique suspecte ?
Cette visite ne peut être dissociée du récent passage, il y a quelques jours, de la Ministre congolaise des Affaires Étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, en Afrique du Sud. À l’issu de ce passage, la ministre d’Etat avait surpris par une déclaration qui avait tranché net sur le rapatriement de SAMIRDC de la ville de Goma sous contrôle du M23 depuis fin janvier. Cette situation a fait que les troupes de la SAMIRDC sont restées comme pris au piège dans une prison à ciel ouvert. La proximité temporelle entre cette visite et celle du Général Kainerugaba soulève des interrogations sur une possible coordination ou un échange d’intérêts entre Kinshasa, Kampala et Pretoria.
Le conflit en RDC est un sujet sensible pour les trois pays. L’Afrique du Sud, en tant que membre actif de la SADC comme de la SAMIDRC ; joue un rôle militaire direct dans la lutte contre le M23, un groupe terroriste accusé par la RDC de recevoir un soutien du Rwanda principalement et de l’Ouganda. Accusations rapportées et confirmées dans plusieurs rapports des Experts des Nations-Unies. Parallèlement, l’Ouganda, sous la direction de Museveni, cherche à maintenir son influence dans la région tout en consolidant ses relations diplomatiques. La visite de la Ministre Kayikwamba pourrait avoir servi à discuter de la contribution sud-africaine à la SAMIDRC, tandis que le message porté par Kainerugaba pourrait refléter une tentative de Museveni de clarifier la position ougandaise entre autres.
Le rôle régional du général Kainerugaba
Le Général Kainerugaba n’est pas un novice en matière de diplomatie régionale. Au-delà du contraste avec ses publications controversées comme incendiaires sur le réseau social X (ex Twitter) à l’endroit des officielles congolais alors que l’UPDF est en opération conjointe avec les FARDC contre l’ADF, Kainerugaba s’est illustré ces dernières années par son rôle dans la normalisation des relations entre l’Ouganda et le Rwanda, facilitant notamment la réouverture de leur frontière en 2022 après des années de tensions. Cette expérience pourrait être mise à profit dans le cadre d’une initiative plus large visant à apaiser les frictions liées au conflit congolais, où les accusations mutuelles entre États voisins compliquent les efforts de paix.
Une alliance stratégique en vue ?
La rencontre entre Kainerugaba et Ramaphosa pourrait ainsi signaler une volonté de coordonner les efforts entre l’Ouganda et l’Afrique du Sud, deux puissances influentes dans leurs sous-régions respectives. L’implication de la SANDF en RDC, combinée à l’intérêt ougandais pour la stabilité régionale ; pourrait ouvrir la voie à une collaboration plus étroite, potentiellement influencée par les discussions préalables avec la Ministre congolaise. S’agit-il d’une tentative de Museveni pour s’assurer que l’Afrique du Sud comprenne les enjeux ougandais dans la crise congolaise, ou d’un effort concerté pour aligner les positions face à une situation sécuritaire volatile ? Les réponses restent pour l’heure dans le domaine des spéculations.
Ce qui est certain, c’est que cette séquence diplomatique met en lumière l’interconnexion des dynamiques régionales en Afrique. Les observateurs attendent avec impatience les prochaines étapes, qui pourraient révéler si ces échanges débouchent sur une stratégie commune pour la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs et au-delà.
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