C’est à une espèce de course d’emballement que l’on assiste dans la recherche de médiation pour trouver une solution à la crise sécuritaire qui subsiste dans l’Est du Congo. La dernière proposition en date est celle inattendue du samedi 05 avril 2025 par la présidence de l’Union africaine (UA) avec l’angolais João Lourenço qui proposerait le togolais Faure Gnassingbé pour jouer l’équilibriste entre Kinshasa et Kigali.
Alors que la situation militaire sur terrain reste figée avec une occupation de pans entiers des territoires des deux provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu par les rebelles de l’AFC/M23, en réalité l’armée rwandaise ; pour piller les ressources minières de la RDC, l’Angola revient à la charge.
Pourtant, c’est sur un double camouflet que dépité, João Lourenço avait annoncé son désengagement de la médiation entre Kinshasa et Kigali pour se consacrer à sa présidence de l’Union africaine : d’abord le 18 décembre 2024 lorsque le rwandais Paul Kagame n’avait même pas daigné se déplacer à Luanda pour y rencontrer le congolais Félix Tshisekedi présent sur place. Puis le 18 mars 2025 lors de leur rencontre surprise autour de l’Emir du Qatar le Cheikh Tamim Bin Hamad Al Thani alors que l’angolais n’en était même pas non plus avertit.
Des processus de Luanda en Angola à celui de Nairobi au Kenya aujourd’hui fusionnés par la volonté des Communauté de Développement d’Afrique Australe (SADC) et de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) lors de la réunion la fin mars, cinq Co facilitateurs africains ont été désignés et ils ont tenu leur première réunion virtuelle le 1er avril courant.
Sous la direction du kenyan William Ruto et en l’absence du zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, autour de la table figuraient l’ancien président nigérian Olusegum Obasanjo, celui-là même qui avait dirigé les négociations avec le CNDP aujourd’hui M23, l’ex-président kenyan Uhuru Kenyatta qui pilotait déjà le processus de Nairobi, l’ex-présidente éthiopienne Sahle-Work Zewde et l’ex-présidente centrafricaine Catherine Samba-Panza. Le Sud-Africain Kgalema Motlanthe, annoncé qui aurait décliné l’invitation car n’ayant pas encore donné son accord pour rejoindre officiellement le groupe en raison des problèmes liés à sa santé.
Trop de médiations
Il est certain que l’accumulation d’autant de médiations finira par tuer la médiation elle-même d’autant plus que cette crise sécuritaire créée artificiellement par le Rwanda depuis plus de 30 ans avec non un objectif de sécurité intérieure contre les présumées génocidaires FDLR de 1994 comme présenté au monde entier. Mais celui du pillage et du vol des minerais critiques sur fond de massacres de populations congolaises qui auraient fait plus de 10 millions de morts contrairement aux 800 milles tutsis et 200 hutus modérés, soit un million des rwandais.
Pourquoi alors en ajouter encore maintenant celle l’Union africaine avec son propre nouveau médiateur alors que rien ne change sur le terrain. L’on ne peut s’expliquer ni donc comprendre cet emballement autour d’une volonté à tout prix de retour sur la scène de João Lourenço après deux ans infructueux du processus de Luanda qui devrait trouver une solution diplomatique entre Kinshasa et Kigali.
La question qui demeure autour de cette annonce de médiation proposée par l’Union africaine reste celle de savoir à quoi elle servira lorsque l’on sait que le Qatar conduit lui aussi en parallèle –et en toute discrétion– un autre processus de facilitation à Doha ; la multiplication de ces initiatives risquant de déboucher sur des problèmes de coordination avec à la fin aucun résultat tangible.
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi pour afriwave.com