Par FRANCE 24
Le décès de François a suscité lundi une forte émotion chez les Congolais, très attachés à ce pape proche des pauvres et qui, lors de sa visite dans le pays en 2023, avait fustigé le « colonialisme économique ».
Les cloches ont sonné lundi 21 avril en République démocratique du Congo, en hommage au pape François mort à 88 ans. Le ciel était pluvieux et l’émotion vive dans le plus grand pays catholique d’Afrique, où le souverain pontife est considéré comme une « voix pour les sans-voix ».
À Kinshasa, la capitale du pays, les fidèles sont venus rendre hommage au pape tout au long de la journée, dans les églises et à la cathédrale.
Madeleine Bomendje, une fidèle croisée à la cathédrale de Kinshasa, peine encore à y croire : « C’est vrai qu’il était malade, il souffrait mais je n’en reviens pas. C’est un choc terrible ».
Il « avait de l’altruisme, il se souciait de nous, de notre pays », ajoute-t-elle d’une voix tremblante.
Une messe devant plus d’un million de fidèles
La visite du pape dans la capitale congolaise en janvier 2023 a marqué les mémoires. François avait célébré une messe en plein air qui, selon les autorités, a rassemblé plus d’un million de fidèles dans la mégalopole d’environ 17 millions d’habitants.
À cette occasion, il avait notamment dénoncé le « colonialisme économique » et déclaré que l’Afrique « n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser ».
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Pays de quelque cent millions d’habitants, la République démocratique du Congo compte, selon les estimations, environ 40 % de catholiques (49 % selon le Vatican).
Ce pays riche en ressources naturelles est aussi l’un des plus pauvres au monde, et ses régions orientales sont en proie à des conflits armés qui durent depuis plus de trente ans.
La catastrophe humanitaire, au fil de plusieurs décennies de violences, est souvent tombée dans un oubli dénoncé par les organisations de défense des droits humains.
Les prises de position du souverain pontife pour la paix, contre la corruption et l’exploitation des richesses minières par des pays étrangers en République démocratique du Congo ont donc trouvé un fort écho au sein d’une population fatiguée de la guerre.
Engagement « indéfectible pour la paix »
Le pape était « la voix des sans-voix », il a attiré l’attention du monde sur les « souffrances oubliées » en République démocratique du Congo et ailleurs, estime l’abbé Camille Esika, recteur de la cathédrale de Kinshasa.
Sa mort est « une grande perte, non seulement pour l’Église catholique mais surtout pour les pauvres du monde entier », ajoute-t-il.
En 2023, le pape François avait également prévu de se rendre dans l’Est du pays, en proie à la résurgence du groupe antigouvernemental M23, mais sa visite avait été annulée à cause de l’insécurité.
À Goma, grande ville de l’Est de la République démocratique du Congo tombée aux mains du M23 fin janvier et meurtrie par les combats, les mots du pape en faveur de la paix dans la région sont restés dans les mémoires.
Une centaine de fidèles ont bravé l’orage pour lui rendre hommage sous les immenses arches bétonnées de la cathédrale de Goma, qui s’élèvent dans un ciel pluvieux entre le lac Kivu et les volcans du parc national des Virunga.
« La guerre l’a empêché d’arriver, mais il était déterminé à venir ici à Goma », se souvient l’abbé Janvier Dushime. « Ce que nous pouvons retenir de sa vie, nous fidèles du Congo et des diocèses de Goma, c’est qu’il a aimé notre pays ».
Le pape était « quelqu’un qui voulait s’associer à la souffrance des gens et œuvrer pour la réconciliation », déclare Christian Tauza, un habitant de Goma venu assister à l’office.
Le président Félix Tshisekedi a quant à lui salué l’engagement « indéfectible pour la paix » du souverain pontife ainsi que sa « simplicité » et sa « proximité avec les plus vulnérables ».
Avec AFP
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