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Le Vice-président de la CENCO au journal La Croix : « Je suis d’un optimisme prudent et très mesuré car je ne suis pas sûr qu’il y ait une volonté politique de sortir le pays de la crise »

Depuis Rome au Vatican où il séjourne depuis le weekend dernier, le Vice-président de la CENCO vient d’accorder un entretien à notre confrère catholique La Croix. Mgr Fridolin Ambong Besungu, sans langue de bois aucune doute de la volonté politique (des politiciens) de sortir le pays de la crise.

Alors que tout le pays entier retient son souffle sur ce qui risque de se passer dans les heures, voir les jours à venir dans le pays; le vice-président de la CENCO vient de jeter un pavé dans la marre. Les deux invités du pape François ont discuté de la situation difficile de leur pays.

Mgr Marcel Utembi Tapa, archevêque de Kisangani, Président de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), et Mgr Fridolin Ambong Besungu, le nouvel Archevêque de Mbandaka-Bikoro, Vice-président, avaient été reçus par le pape François lundi 19 décembre 2016, jour de la fin du deuxième et dernier mandat constitutionnel de Joseph Kabila. Cette date butoir d’un processus de négociation sous l’égide de l’épiscopat congolais n’a pas abouti à un accord entre le régime et son opposition. En attendant la reprise de la négociation directe le mercredi 21 décembre 2016 à Kinshasa entre le pouvoir et l’opposition, nous reproduisons ici cette interview :

Interview de Mgr Fridolin Ambong (vice-président de la CENCO) à La Croix «Je suis d’un optimisme prudent et très mesuré car je ne suis pas sûr qu’il y ait une volonté politique de sortir le pays de la crise» (Lire l’article : Le pape reçoit les évêques de RD-Congo http://www.la-croix.com/Religion/Pape/Le-pape-recoit-eveques-RD-Congo-2016-12-18-1200811419).

La Croix : Avec Mgr Marcel Utembi Tapa, Archevêque de Kisangani et président de la Conférence Episcopale, vous êtes venus rencontrer le pape, lundi 19 décembre au Vatican. Qu’attendiez-vous de cette rencontre ?

Mgr Fridolin Ambong Besungu : Du pape François, nous attendions d’abord qu’il nous dise qu’il prie pour le peuple congolais et appelle à prier pour lui. Ensuite, nous voulions lui demander de soutenir la mission de bons offices que nous menons pour que les responsables politiques du pays s’assoient à la même table. Ce soutien, non seulement nous l’avons senti, mais le pape nous a devancés ! Dès hier, il appelait à prier pour exhorter les politiques au service de la concorde. Et aujourd’hui, il nous a redit son souci, sa préoccupation, et même sa souffrance, pour ce qui se passe en RD-Congo. Il nous a aussi dit ses encouragements pour la mission que nous menons et son espérance pour que notre pays puisse sortir du trou noir.

La Croix : Ces paroles de soutien du pape peuvent-elles avoir un effet ?

  1. A. B. : Le pape est une autorité morale mais si les cœurs des hommes sont si endurcis qu’ils n’écoutent pas la raison, alors ses paroles resteront lettres mortes. Tout dépendra de ce qui se passera aujourd’hui et demain. Nous repartons mardi à Kinshasa et le dialogue doit reprendre mercredi. Si les choses ne se passent pas bien, si la situation se dégrade, il est possible que certains partis d’opposition ne reviennent pas s’asseoir à la table des négociations. Je suis donc d’un optimisme prudent. À la fois très mesuré car je ne suis pas sûr qu’il y ait une volonté politique de sortir le pays de la crise et, en même temps, j’ai l’espérance chrétienne de croire que tout est possible. En tout cas, nous ferons de notre mieux car cela fait partie de notre mission évangélisatrice.

La Croix : Est-ce le rôle des évêques que de s’impliquer dans ce dialogue politique ?

  1. A. B. : L’Église est mère et éducatrice : sa mission première est de former l’homme. Notre travail est donc de former l’homme congolais pour l’aider à se prendre en charge, qu’il prenne conscience qu’il n’est pas seul dans ce pays, que le développement doit être collectif, communautaire. Nous essayons de donner à ce pays les conditions d’un développement intégral. Ce que nous faisons, rejoint la mission même de l’Église pour qui le dialogue est le meilleur moyen de résoudre les conflits entre les hommes. Nous essayons de travailler les cœurs des politiques pour qu’ils pensent à leur peuple et oublient leurs intérêts égoïstes. Nous avons un pays très riche et un peuple très pauvre. C’est le drame de notre pays : un pays extrêmement riche, et peut-être trop, car chacun veut avoir la mainmise sur cette richesse. D’où l’instabilité qui profite à quelques puissances.

Propos recueillis par Nicolas Senèze, à Rome (La Croix)

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