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Dialogue de la CENCO : un accord politique qui se fait désiré sur fond «de médiocrité grave d’une classe politique», reprise des travaux au 29 décembre…

Malgré l’ultimatum de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et plus de onze heures de discussions, le miracle de Noël n’aura pas eu lieu dans le cadre de la négociation directe entre l’opposition et la majorité. L’Accord politique entre les deux composantes concocté sous l’égide de la CENCO dans la nuit de jeudi à vendredi et dont on espérait la signature ce samedi 24 décembre 2016 bien avant Noel se fait toujours désiré.

L’optimisme qui était encore de mise après une nuit blanche des discussions du vendredi 23 à samedi 24 décembre jusqu’à 5H30’ du matin pour laisser place à une nouvelle incertitude. Pourtant devant la presse qui avait également veillé en attente d’une bonne nouvelle, le président de la CENCO ; Mgr Marcel Utembi déclarait que nous avons travaillé toute la nuit, le gros du travail est accompli. Les travaux sont pratiquement finis, il nous reste le toilettage puis la signature de l’accord. Mais c’était sans compter avec le retournement de la dernière minute dans le camp de la majorité présidentielle autour des complications liées notamment à la nature (appellation) à donner au dit Accord. Le Rassemblement insistant pour sa part sur les éclaircissements sur les détenus et exilés politiques, la primature et la gestion de la de la période de transition qui doivent figurer clairement dans le texte.

Conséquence : les ultimes négociations sont de nouveaux suspendues pour une troisième fois depuis le début de cette médiation le 8 décembre 2016. La reprise des travaux étant fixée au jeudi 29 décembre en vue de permettre aux Evêques d’être dans leurs diocèses pour les célébrations des festivités de Noël selon le souhait de la CENCO. Une raison encore pire : Notre classe politique est d’une médiocrité grave. Ils ont remis en cause tout ce que nous avions convenu la veille comme le déclarer à l’AFP un responsable de la CENCO sous le couvert de l’anonymat.

La versatilité de la classe politique congolaise n’en est pas à sa première depuis1990 avec la fin du règne du MPR parti-Etat et la proclamation de la démocratisation durant les dernières années de règne du maréchal Mobutu Sese Seko, chassé du pouvoir le 17 mai 1997 par Laurent-Désiré Kabila, père de l’actuel président avec l’aide d’une coalition militaire rwandaise. Depuis la tenue de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) où elle avait joué un rôle déterminant, l’Eglise catholique du Congo est habituée aux mêmes comportement alors que le pays risque toujours de replonger d’un moment à l’autre dans une spirale des violences dont personne ne saura plus en calculer les conséquences.

Du nouvel Accord en gestation

Selon le protocole d’accord conclut sous la médiation des Evêques, le texte en gestation prévoit l’instauration d’une période de transition politique qui verrait le président Kabila resté un an de plus au pouvoir, l’élection présidentielle devrait être organisée à la fin de l’année 2017 et enfin le chef de l’Etat sortant s’engagerait à ne pas se représenter pour un troisième mandat et à ne pas réviser la Constitution, qui le lui interdit de plus. De même, un remaniement de la Commission Électorale Nationale Indépendante (Ceni), dont le président Corneille Nangaa, pourtant très contesté par le Rassemblement, devrait garder ses fonctions.

En échange et de son côté, l’opposition via le Rassemblement prendrait la tête d’un Comité de suivi aux pouvoirs élargis capable d’imposer le respect de l’Accord et de contrôle sur le processus électoral. Il y aurait donc une sorte de partage du pouvoir à ce niveau-là, ce que ne partage pas la majorité présidentielle qui voit en cela une sorte de deux chefs à la tête du pays.

Pour l’instant, le Front pour le Respect de la Constitution (FCR), plateforme créée autour du Mouvement de Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba qui avait quitté un moment le dialogue avant d’y revenir après rehaussement de son quota des délégués, a émis des réserves sur ce compromis politique. Mais des tractations se poursuivent pour amener Ève Bazaiba, son chef, à signer l’accord.

La décrispation politique toujours en cause

Si du côté de l’opposition du Rassemblement François Muamba explique que tout bloque encore sur la question de la gestion des affaires publiques pendant la période de transition, à la majorité présidentielle Madeleine Kalala déclare qu’il n’y a pas d’accord jusque-là. Des indiscrétions révèlent qu’il y a également la question du futur nouveau gouvernement d’union nationale et le sort du premier ministre Samy Badibanga qui sont dans la balance. Transfuge de l’UDPS d’Etienne Tshisekedi, il avait été nommé à ce poste à l’issu du premier dialogue politique conduit par Edem Kodjo et selon l’Accord du 18 octobre 2016 qui stipulait que le futur premier ministre devrait venir des rangs de l’opposition (lire notre article : ).

Pour le Rassemblement, la signature de l’Accord sous la médiation de la CENCO entraîne de facto la mise sur pied d’un nouveau gouvernement d’union nationale et le poste de premier ministre de la transition devra revenir à l’un de ses membres : donc pas question de Samy Badibanga comme chef du gouvernement. Or ce dernier vient à peine d’être investi par le parlement (lire notre article ……) avec l’aide de la majorité parlementaire du pouvoir de Joseph Kabila qui voudrait le voir continuer à son poste.

Il y aussi et toujours cette question de décrispation du climat politique durant la période de transition dont le rapport de la Commission fut le premier à être adopté par la plénière. C’est aujourd’hui sa mise en application qui pose problème entre les deux camps : le Rassemblement aurait bien voulu voir sa concrétisation bien avant le 19 décembre 2016, date qui marquait la fin officielle du dernier mandat de Kabila.

Pour la majorité, il faudra passer par la case constitution d’une commission de magistrats devant se pencher sur les cas des prisonniers et exilés politiques emblématiques.

Parmi ces condamnés et autres exilés Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle, Moïse Moni Della, Eugène Diomi Ndongala, Floribert Anzuluni, Jean-Claude Muyambo, Antipas Mbusa Nyamwisi, Roger Lumbala qui devaient être examinés en priorité. Mais aussi ces milliers des personnes et jeunes militants des mouvement anti-Kabila incarcérées sans jugement aucun.

Faudra-t-il le rappeler que les négociations actuelles ont pour objectif de trouver un consensus le plus large possible autour de la grave crise politique devenue institutionnelle avec la non tenue de l’élection présidentielle qui était prévue en novembre 2016 dernier. Le maintien à la tête du pays du président Joseph Kabila dont le deuxième et dernier mandant constitutionnel est arrivé à terme depuis le 19 décembre 2016 dans un climat de violences meurtrières à travers le pays depuis plusieurs mois. Cette situation fait craindre à tous une bien pire nouvelle descente aux enfers du pays qui connait une guerre larvée depuis 1998 dans sa partie Est jusqu’à ce jour.

Les pressions internationales

Alors que la pression intérieure vient de tous les côtés : opposition, mouvements de jeunes et protestations populaires malgré les restrictions de manifester ; la pression extérieure se fait de plus en plus pressant. L’Allemagne a suspendu tous ses programmes de coopération avec le pays, la France et le Royaume Uni envisagent pour leur part le renforcement des sanctions ciblées contre le régime et ses proches en cas de non signature de l’Accord sous la médiation de la CENCO à qui ces deux pays ont réitéré leur soutien dans ses efforts dans la recherche d’une solution à la grave crise politique actuelle.

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