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Kabila à Der Spiegel Online : « Je n’ai rien promis du tout concernant la tenue de la présidentielle d’ici fin 2017 ».

Alors qu’il poursuit sa tournée à Mbuji-Mayi dans le Kasaï Oriental, Joseph Kabila qu’on dit avare des paroles a accordé une interview au magazine Der Spiegel online ce samedi 03 juin 2017.  De la constitution aux élections à venir en passant par le cas Moïse Katumbi, il balaie tout dans ce long et rare entretien face à un média. Mélangeant le Je pronominal et le Nous de majesté ; il a clarifié sa pensée concernant la tenue des élections attendues pour fin 2017 : « Je n’ai rien promis du tout ! Je souhaite organiser des élections aussi vite que possible. Nous voulons des élections parfaites, pas seulement des élections. L’enregistrement des électeurs en cours se déroule bien » explique- t-il.

Selon l’AFP, sur la question de savoir s’il compte reformer la constitution pour briguer un troisième mandat tel qu’en appelle ses supporters, il déclare : « Je suis très clair là-dessus. Tous ces blablas sur un changement constitutionnel est un non-sens total. Nous n’avons en tout cas pas l’intention de porter atteinte à la constitution et comment pourrais-je avoir un 3ème mandat sans porter atteinte à la Constitution ? ».

Avant de poursuivre à ce propos : « Cela dépend de ce qu’on entend vraiment par 3ème mandat » pour parler de son avenir politique et dire si oui ou non il écartait définitivement cette option sur un 3ème mandat à la tête du pays alors que l’actuelle constitution le lui interdit. De ladite constitution et son éventuelle modification puis l’organisation d’une consultation référendaire, Kabila entretien un mystère total : « Jusqu’ici nous n’avons pas entamé du tout le débat sur une éventuelle consultation populaire », répond Joseph Kabila à Der Spiegel.

Cas Moïse Katumbi

Revenant sur l’un des cas dits emblématiques lors de la négociation directe entre l’opposition du Rassemblement et la majorité sous la médiation de la CENCO, Kabila demeure tranchant au risque d’heurter les ecclésiastiques dont la Commission Episcopale pour la Décrispation Politique (CEDP) avait enquêté sur la condamnation de l’ancien gouverneur du Katanga passé à l’opposition : « Ce n’est pas à moi de dire si c’est vrai ou faux. C’est au système judiciaire. Être évêque catholique ne signifie pas que vous êtes un saint. Je n’ai pas demandé aux évêques de remplacer le système de justice dans ce pays. Il n’y a pas de problème entre le gouvernement et M. Katumbi en tant qu’individu. Il doit s’arranger avec le système judiciaire de ce pays.

Sur la popularité à l’intérieur comme à l’extérieur du pays de l’ancien gouverneur aujourd’hui passé à l’opposition, et s’il est un défi pour lui ; Kabila ironise : « Si vous pensez que quelqu’un est au-dessus de la loi parce qu’il a 1 ou 2 millions de personnes qui le suivent, nous ne serions pas un pays des lois. Il n’y a pas de défi et je n’ai pas besoin d’une stratégie. Les Congolais décideront de l’avenir de ce pays. Nous parlons de la démocratie. La démocratie a été assassinée ici lorsque Patrice Lumumba a été assassiné. Et qui a ramené la démocratie dans ce pays ? Nous sommes ceux qui ont fait cela après avoir poussé la dictature en 1997. Maintenant, le Congo devient un sac de boxe. Congo, Congo, Congo et les droits de l’homme. Mais nous n’agissons pas sur la base de ce que pense l’Occident ».

Lire aussi : Moise Katumbi porte plainte contre la RDC auprès de l’ONU https://www.afriwave.com/?p=3212

Faute d’avoir organiser à temps les élections comme prévu par la constitution et à l’issue de deux dialogues successifs en 2016, d’abord avec l’Union Africaine et ensuite avec l’Eglise Catholique ; Kabila s’était vu maintenu à la tête du pays selon l’Accord politique du 31 décembre 2016 jusqu’à la tenue des scrutins présidentielles et législatives d’ici avant la fin 2017. Un partage de pouvoir entre sa majorité et l’opposition devrait mener une période transitoire avec un Premier ministre issu des rangs de l’opposition. Chose qui n’a pas était respecté scrupuleusement malgré les mises en garde et les protestions multiples.

Au pouvoir depuis janvier 2001 après l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, Joseph Kabila aurait dû quitter le pouvoir fin 2016 ; au terme de son deuxième et dernier mandant constitutionnel le 19 décembre 2016. Elu pour la première fois en 2006 lors des premières élections libres depuis l’indépendance du pays en 1960, il avait été réélu pour un second mandat en 2011 à l’issue d’un scrutin au résultat contesté, entaché par des fraudes massives.

Entre la fin 2016 et le début 2017, toutes les institutions du pays issues du scrutin direct ou indirect (Parlement, Provinces, Senat) sont devenues hors-mandat. Depuis lors, le pays est plongé dans une grave crise politique devenue institutionnelle malgré le changement de plusieurs gouvernements entre 2015 et 2017. Les violences liées au retard du processus électoral ont fait des dizaines de morts à Kinshasa et dans d’autres villes du pays. Elles (violences) sont aujourd’hui à la base des sanctions individuelles des proches de Joseph Kabila de la part des autorités américaines et de l’Union Européenne.

Lire ici la version anglaise de l’interview : http://www.spiegel.de/international/world/spiegel-interview-with-congo-president-joseph-kabila-a-1150521.html

 

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