Si les uns le prenne pour un fou et les autres pour un génie, il prend son rôle de Ministre des poubelles plus qu’au sérieux. Lui, c’est Emmanuel Botalatala, 65 ans révolus et un regard perçant avec des mains agiles sur des jambes déformées par la polio. Ce talentueux artiste assembleur, dessinateur, peintre et sculpteur se bat pour fonder un lieu culturel en vue d’accueillir un jour ses œuvres et ainsi laisser une trace. Tout ceci avec des énormes difficultés administratives et économiques auxquelles il est confronté chaque jour.
Un film documentaire au titre bien évocateur de « Le Ministre des poubelles », 1h15’sortie à Bruxelles au Cinéma Vendôme en ce 07 juin 2017 vient de lui être consacré par le réalisateur belge Quentin Noirfalisse (https://www.cinenews.be/fr/films/le-ministre-des-poubelles/ ). Ses thèmes de prédilection sont la démocratie, les droits de l’homme, l’injustice sociale, l’environnement…
Au fil des images, on découvre cette société congolaise en pleine inquiétude et qui se cherche. En passant par les turpitudes politiques du pays, on y trouve cette envie et cette interrogation sur le rôle qu’un artiste et sa vision des choses peuvent jouer dans une société en pleine crise politique devenue institutionnelle sur fond d’un marasme économique criarde.
L’homme parcourt les décharges de la capitale congolaise à la recherche de la matière première pour la réalisation de ses tableaux-maquettes au relief saisissant et riches de signification : morceaux de pneu, de chaussure, et autres pièces métalliques. L’ensemble lui servira à réaliser les figurines qui animent ses toiles en 3D. Pour lui, ces déchets qui ont retrouvés une seconde vie parlent de son Congo d’aujourd’hui, perdu dans les violences qui ravagent l’Est et le Centre du pays et surtout cette crise économique qui semble ne jamais devoir se terminer. En fait, Botalatala est un vrai artiste citoyen qui parle beaucoup, avec tous, et entend faire de ses œuvres le vecteur d’un débat plus indispensable que jamais dans un Congo en mal de réformes et de solutions démocratiques.
C’est du reste dans ce chaos que le Ministre des poubelles crée : « ce n’est pas l’argent qui rend grand. C’est le message que tu transmets aux autres, tout ceci par passion qu’autre chose » dit-il. L’ensemble de son œuvre tourne du reste autour du sang, de la guerre, et des aspirations des congolais à vivre décemment : « je reçois le choc des événements et j’utilise mon art pour rejeter sur le contreplaqué mes tourments intérieurs. Au-delà de mes colères, c’est plus les inquiétudes de tout un pays » explique-t-il.
Le film sorti en salles sera aussi l’objet de séances spéciales, d’expositions et d’animations (liste complète est disponible sur leministredespoubelles.be). Emmanuel Botalatala sera présent, avec ses œuvres et sa parole qui mérite bien d’être entendue.
Bande annonce : crédit images Quentin Noirfalisse (https://www.cinenews.be/fr/films/le-ministre-des-poubelles/