C’est hier mercredi 26 juillet 2017 que le chef milicien Ntabo Ntaberi Sheka (photo d’illustration) s’est rendu aux forces de la Mission des Nations Unies au Congo (Monusco) à Mutongo, dans le territoire de Walikale en province du Nord-Kivu. Poursuivi par la justice militaire congolaise depuis 2011 pour crimes contre l’humanité, ce chef de guerre a fait régné sa terreur dans cette partie du pays en proie à une violence récurrente depuis des années.
Accusé d’une campagne massive de viols dans le territoire de Walikale en 2010, il l’est également pour avoir exécuté des dizaines de civils selon les organisations de Défense des Droits de l’Homme dont Human Rights Watch (HRW). Bilan macabre de cette épopée, l’ONU avait recensé à l’époque, du 30 juillet au 2 août 2010, au moins 387 civils (300 femmes, 23 hommes, 55 filles et 9 garçons) violés dans 13 villages.
Ce criminel longtemps recherché rencontrait déjà en avril 2014 le gouverneur PPRD du Nord-Kivu Julien Paluku en présence des responsables onusiens sans pour autant être arrêté. Chef de la milice NDC complice des FDLR hutus rwandais, puis allié aux FARDC à un moment ; il n’avait cessé de changer d’alliances jusqu’au jour où il a perdu toute influence sur ses hommes au risque d’y laisser sa vie l’année dernière selon des sources. C’est son second de l’époque, un certain Guidon ; qui règne aujourd’hui en maître à sa place.
Une situation inquiétante sur terrain
Cette capitulation d’un chef de guerre intervient au moment où la Monusco annonce la fermeture prochaine de cinq de ses bases et notamment celles de Walikale et de Luofu, au sud Lubero, où sévit Guidon et son mouvement, le NDC-Rénové. Cet ex-adjoint de Sheka a été très actif contre les FDLR depuis novembre 2015, mais aujourd’hui à l’instar des autres groupes rebelles comme les Maï-Maï Mazembe ; il se retourne contre la population civile.
Une situation inquiétante qui fait craindre le pire pour les jours et mois à venir en termes humanitaire et sécuritaire selon le député élu du coin, Ernest Kyaviro. Pour lui, la Monusco ne devra pas non seulement fermer ses bases dans la région ; mais combattre le nouveau chef milicien Guidon et les autres groupes, quels que soient les services rendus auparavant.
Et le député insiste : « Ce qui est important pour moi, c’est qu’un groupe qui a été aux côtés des FARDC à un moment donné, et qui tourne les canons vers la population, doit être traité comme un ennemi, estime le député. C’est-à-dire, qu’à part les FARDC et la police nationale, personne ne devrait être en droit de posséder une arme dans le Nord-Kivu. Toute personne qui a une arme dans le Nord-Kivu devrait être automatiquement désarmée par la Monusco, avec ou sans la permission du gouvernement. Parce que tel est son mandat ».
Le député a même adressé une lettre ouverte au SG de l’ONU, le portugais António Guterres pour plaider cette cause. Car pour lui, « Ignorer la présence de ces groupes peut être considéré comme une action criminelle indirecte. Ce n’est pas parce qu’on a aidé les FARDC à poser un acte qui était peut-être dans le sens des intérêts supérieurs de la sécurité, qu’on peut les laisser faire des choses qui vont dans le sens des crimes contre l’humanité. Des crimes de guerre qui accroissent le nombre de déplacés ».
Une position dans laquelle il est rejoint par la Société civile de Lubero aussi inquiète qui pense « qu’il est temps que l’armée congolaise (FARDC) et la Monusco s’attaquent à ces groupes qui n’ont plus de raison d’être puisque les FDLR ont été chassés ». Pour la Monusco tout comme des FARDC, on assure ne faire aucune distinction entre un groupe armé et un autre. La Mission onusienne précisant qu’elle a encore des bases à Kanyabayonga et Kirumba à partir desquels elle pourra lancer des patrouilles contre les groupes armés.