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Joseph Kabila face à la presse nationale et internationale au Palais de la Nation

Pour l’une de ses rares fois où il s’adresse aux médias nationaux et internationaux depuis son accession au pouvoir il y a 17 ans, Joseph a tenu un point de presse ce vendredi 26 janvier 2018 au Palais de la Nation de Kinshasa. Tout au début de son intervention, il n’a pas manqué de rappeler son commencement le 26 janvier 2001, dix jours avant cette date était assassiné Mzé Laurent-Désiré Kabila Ka Makolo.

Il faut dire que l’occasion pour une offensive médiatique est propice, surtout qu’il faut se défendre car attaqué de l’intérieur comme de l’extérieur du pays après les deux repressions brutales des manifestations des chrétiens des 31 décembre 2017 et 21 janvier 2018 qui ont fait des morts. Le départ du chef de l’Etat exigé par les protestataires, le régime ne pouvait que faire une contre-offensive médiatique comme celle ratée qu’on a vécue à Paris en France au JT Afrique de TV5 Monde du 25 janvier 2018 par André Alain Atundu Liongo, chef des communicateurs de la Majorité Présidentielle.

Lire aussi : RDC : André Alain Atundu au JT Afrique‏ sur TV5 Monde, entre contradictions et légèreté déconcertante https://www.afriwave.com/?p=7260

Visiblement tendu malgré la présence d’un colosse garde du corps à ses côtés, on a senti l’homme président de la république inquiet. D’entrée en la matière et malgré l’apparente assurance, Kabila dit « constater que depuis plusieurs années tout a été sauf la vérité », « de la RDC on a parlé de tout ce qui est négatif, sauf du bien » ; raison donc de son intervention d’aujourd’hui pour « donner son point de vue et la lecture de la situation mais aussi sa position ». Subdivisant son intervention en six points dont la situation sécuritaire, la situation politique, la situation économique et sociale du pays, le processus électoral en cours, les relations avec les 9 voisins, les relations avec les partenaires notamment la Monusco avant le jeu des questions-réponses.

Situation sécuritaire

De son aveu même, Joseph Kabila a reconnu la situation sécuritaire du pays « inquiétante », principalement dans les deux provinces du Kivu, le Nord et le Sud : « Il n’y a que deux provinces là où nous avons une situation que je peux qualifier d’inquiétante. C’est la province du Nord-Kivu et la province du Sud-Kivu ; le problème le plus sérieux se situe à Beni où l’armée combat les rebelles islamistes ougandais des Forces Démocratiques Alliées (ADF-Nalu) ».

A ces deux provinces, il ajoute l’Espace Kasaï pour lequel il estime la situation améliorée sur le plan de la sécurité à 85 %. Du Maniema au Tanganyika, deux autres provinces de l’Est en proie aux rebellions endémiques ; aucun mot alors qu’il s’y déroule une des pires crises en ce qui concerne les déplacements internes de populations selon les ONG. Joseph Kabila a tout de même indiqué souhaiter des « sanctions exemplaires » pour ce qui se passe dans les deux Kivu et les cinq provinces du Kasaï touchées par les violences.

Situation politique

Dans la stratégie choisie mais qui ne peut aujourd’hui convaincre personne de faire porter le chapeau de ses propres « échecs » en accusant l’Eglise catholique dans ce qu’il a qualifié « d’intention de vouloir gérer la politique plutôt que de prêcher l’Evangile », Kabila a fait fausse route comme ses disciples. « Rendons à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Quand on essaye de mélanger les deux, c’est dangereux. Le résultat est toujours négatif. Jésus-Christ n’a jamais présidé une Commission électorale ».

En ironisant « s’éclater plus que rire » et en voulant denier ainsi à l’Eglise de jouer un quelconque rôle social en s’impliquant dans la politique du pays lorsqu’elle ne marche pas, Joseph Kabila oublie de mentionner qu’il avait recouru aux hommes d’Eglise dont le catholique feu l’Abbé Malu-Malu et le pasteur Ngoy Mulunda pour diriger la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). De plus, c’est grâce à la même Eglise catholique au travers de sa CENCO qu’il a obtenu une deuxième prolongation de son mandat hors délai à la tête du pays dans le cadre de l’Accord politique Global et inclusif de la Saint-Sylvestre 2016 qu’il a foulé aux pieds.

Le processus électoral

Du processus électoral en cours, Kabila semble poser un dilemme aux congolais : « Il faut prendre des options et des décisions les plus courageuses pour ne pas tomber ou retomber dans la situation avec un budget d’1,2 milliards pour les élections, alors qu’on a un budget total de 6 ou 7 milliards USD ».  En clair, il faut devoir choisir entre « tenir les élections au regard des moyens financiers à mettre en œuvre ou assurer le développement du pays ». Ce qu’il dit être une « réflexion » de sa part n’est en réalité que le fond de ce qu’il pense pour devoir s’éterniser à la tête du pays, une chose qui sera inacceptable pour tous après autant des sacrifices humains.

« Aujourd’hui, on tend vers la fin des opérations d’enrôlement dans le Kasaï. Nous sommes à plus ou moins 46 millions d’électeurs enrôlés. En Angola, c’était 20 millions de dollars, nos frères justes en face au Congo Brazzaville, c’était 1,2 millions de dollars ; au Gabon il y avait 500 ou 600 000 millions de dollars… Les élections dans ce pays la RDC vu l’étendue, est une vaste opération et par expérience ; nous avons l’obligation de préparer minutieusement ce processus. Le budget des élections est de 1,2 milliards USD.  Je le dis assez souvent, les élections dans ce pays commencent à nous coûter beaucoup plus cher que même le développement du pays. À un certain moment, on sera obligé de lever l’option. Est-ce qu’il faudra que l’on soit cité à travers le monde comme le pays le plus démocratique ou bien est-ce que c’est le développement qui compte ? Sinon, il faut trouver l’équilibre entre les deux ».

Usant du « Je » pronominal et du « Nous » de majesté, Kabila sait manier l’influence pour réconforter la confusion dans les têtes de la population. Quels sont les résultats concertes des « Cinq Chantiers » de son premier quinquennat et de la « Révolution de la Modernité » pour le deuxième s’il faut parler du développement du pays ? A entendre son langage, on finira par ne pas avoir les élections en cette fin d’année 2018 tant qu’il sera à la tête du pays.

Les relations avec les partenaires, notamment la Monusco

Avec les partenaires extérieurs, Kabila s’en est pris violemment à la communauté internationale en générale et aux belges en particulier sans les nommer pour les multiples pressions faites sur lui et son régime lorsqu’il tance : « Qui a tué la démocratie dans ce pays ? Ils ont tué Lumumba et avec lui la démocratie. Qui a rendu la démocratie dans ce pays ? Ceux qui ont tué Lumumba et la démocratie devraient être humbles au lieu de s’ériger en donneur de leçon sur la démocratie ». Joseph Kabila tout au début de sa conférence évoquait les circonstances de son accession au pouvoir en janvier 2001 dix jours après l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila le 16 et dont il ne dit pas non plus qui l’a tué.

De la Monusco dont son gouvernement souhaite la réduction conséquente du nombre des hommes de troupes si ce n’est le départ du pays, Kabila n’a pas eu que des mots tendres : « On a comme l’impression que c’est une mission qui a comme ambition de rester, mais rester jusque quand ? Il n’y a rien de nouveau que je suis en train de dire ça. C’est depuis 2010 que j’ai demandé le plan de désengagement de l’ONU. Il n’y a pas une cogestion du pays avec la Monusco », dit-il.

« On a toujours posé la question à la Monusco : Citez-nous un seul groupe armé que vous avez réussi à éradiquer…aucun. Même l’offensive actuelle est l’effort des FARDC (…). C’est après la mort de ses experts que l’ONU se soit réveillée pour dire que ces gens sont des terroristes, des mauvais. Il a fallu également l’attaque contre le contingent Tanzanien pour identifier les ADF comme des terroristes » avant de terminer par dire que « La RDC va exiger le strict respect de l’accord de siège violé à plusieurs reprises par la Monusco ».

Sur la question d’un éventuel référendum en l’air au sein de sa majorité, une idée condamnée par les opposants ; Kabila a préféré esquiver en répondant « qu’il n’y avait pas de référendum dans le calendrier publié le 5 novembre 2017 ».

De la décrispation du climat politique comme l’une des mesures de confiance prévues dans l’Accord Politique Global et Inclusif de la Saint-Sylvestre 2016, Joseph Kabila pense que le bilan en est positif : « Il y a eu beaucoup d’évolution, il y en aura encore. Ne vous en faites pas. Je me suis toujours posé la question de savoir de quoi il s’agit quand on parle de la décrispation. Est-ce qu’il faut libérer 10.000 prisonniers pour constater la décrispation ? Est-ce qu’il faut avoir 3000 partis politiques. Le Congo n’est pas une République bananière. J’ai comme l’impression que ce que l’on ne peut pas faire ailleurs, on veut le faire au Congo. S’il y a eu des plaintes, il faut les adresser au CNSA. Si nous avons réussi la décrispation en 2015, on en aura en 2018, avant, pendant et après les élections ».

Les relations avec les 9 voisins

La situation économique et sociale du pays

Luaba Wa Ba Mabungi / AFRIWAVE.COM

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