C’est depuis la nuit du dimanche 28 au lundi 29 janvier 2018 que le « général » John Tshibangu se serait fait arrêter à Dar-es-Salam en Tanzanie alors qu’il transitait par l’aéroport de ce pays en provenance de Nairobi au Kenya. Entre les mains de la police tanzanienne, on n’en sait exactement rien sur ce qui se serait passé et où il se rendait. Il serait intercepté en possession d’un faux passeport zambien alors qu’il en détenait bien d’autres.
A toutes ces questions, aucune réponse sauf l’alerte donnée par ses proches qui se disent inquiets pour lui ; et qui veulent à tout prix lui éviter une probable extradition vers Kinshasa. Surtout que le général Delphin Kahimbi de la Démiap qui se trouvait à Kigoma pour traquer les miliciens Maï-Maï Yakotumba et Kalev Mutond de l’ANR sont signalés sur place pour négocier son transfert vers Kinshasa.
Pour rappel, cet ancien officier supérieur des FARDC en rébellion contre sa hiérarchie au nom de ce qu’il a appelé la « vérité des urnes » après les élections de 2011, il disait vouloir remettre « l’impérium » au vrai vainqueur Etienne Tshisekedi. Il s’en était suivi une répression par l’armée lancée à ses trousses contre les villages dans lesquels il était passé.
Signalé en Centrafrique où il avait de justesse échappée à une arrestation, il était apparemment en Ouganda où après plusieurs mois de silence ; on l’a revu en vedette dans une série des vidéos publiée sur des réseaux sociaux. Au milieu d’une clairière en compagnie d’une vingtaine d’hommes armés, il menaçait le régime de Kinshasa incarné par Joseph Kabila et disait vouloir le chasser du pouvoir endéans 45 jours s’il ne respectait pas la volonté du peuple.
Cette arrestation de John Tshibangu intervient au lendemain d’une rocambolesque évasion le mercredi 18 janvier 2018 de deux congolais présentés comme ses anciens lieutenants et membres de son mouvement politico-militaire le FCCPD, Freddy Libeba Laongoli et Alexandre Mitshiabu. Détenus au Camp militaire Roux à Bangui, soupçonnés de recrutement de mercenaires et de contacts avec certains groupes armés centrafricains notamment de l’ex-Seleka musulman ; ils faisaient également l’objet d’une information judiciaire au titre d’association de malfaiteurs.
Selon Libeba lui-même John Tshibangu n’est qu’un « frère de lutte et il y a des alliances. S’il veut éloigner Kabila, on peut faire quelque chose ensemble ». Pourtant, il fut tout un temps où il était présenté respectivement comme chargés des opérations pour lui et directeur des renseignements du mouvement de Tshibangu pour Mitshiabu.
Arrêtés le 9 juin 2017 au cours d’une opération conduite par le ministre de l’Intérieur de l’époque en personne, Jean-Serge Bokassa ; la RDC avait par le canal de son ministère de la Défense Nationale adressait à Bangui en date du 12 juin 2017 une note verbale demandant « la remise de ces deux terroristes aux autorités militaires de la RDC, suivant des modalités à prendre de commun accord ».
Disant se trouver aujourd’hui sur le territoire congolais en compagnie de leurs hommes, l’ancien colonel de FARDC originaire de la province de l’Equateur serait à la tête de son propre groupe rebelle, dénommé « l’Armée libre Kongolaise ». Il vivait clandestinement à Bangui depuis 2013 sous une fausse identité de Jean-Philippe Yapende et la République Centrafricaine ne leur servait que de base arrière pour des futures opérations en RDC.