C’est depuis ce matin du 5 février 2018 que le colonel John Tshibangu a été extradé à Kinshasa depuis la Tanzanie où il était en détention. C’est dans le cadre des Accords La Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) que cette procédure a été rendue si rapide a expliqué le ministre congolais de la Justice et Garde des Sceaux Alexis Thambwe Mwamba devant la presse à Kinshasa cet après-midi.
Une chose étonnante tout de même, Laurent Nkunda Batware et Mutebezi réfugiés au Rwanda, n’ont jamais fait autant de zèle de la part des autorités congolaises pour réclamer leur extradition dans le cadre de la même CIGRL à laquelle appartiennent aussi les deux pays.
Entre les mains du Renseignement militaire où son arrestation lui aurait été signifié et d’après une source militaire, John Tshibangu ferait l’objet d’un « interrogatoire sur sa présumée rébellion, ses contacts politiques, son réseau extérieur qui l’a aidé dans sa cavale ainsi que ses connexions avec des groupes islamistes dont la Seleka centrafricaine ». Après quoi il sera transféré à la justice et incarcéré à Makala en attendant son procès selon Thambwe Mwamba.
Le ministre en a profité pour annoncer également l’arrestation d’un autre ancien fugitif de l’armée congolaise en la personne de Freddy Libeba Laongoli. Cet ancien bras droit de John Tshibangu arrêté à Bangui le 9 juin 2017 au cours d’une opération conduite par le ministre de l’Intérieur de l’époque en personne, Jean-Serge Bokassa, s’était évadé spectaculairement le mercredi 18 janvier 2018 de la prison du Camp militaire Roux à Bangui à l’issue d’une visite médicale. En compagnie d’un autre codétenu congolais du nom d’Alexandre Mitshiabu, ils étaient présentés comme des anciens lieutenants de Tshibangu et membres de son mouvement politico-militaire le Front du Peuple pour le Changement et la Démocratie (FPCD). Thambwe Mwamba a également annoncé le transfèrement de Libeba vers Kinshasa dans les heurs qui arrivent.
Dans son mot devant la presse, Alexis Thambwe a fait également allusion à ces contacts que les prévenus auraient eu avec des mouvements rebelles centrafricains, notamment la Seleka qui avait renversé le président François Bozize. Insistant sur un procès équitable et public à leur égard, le ministre n’a pas dit quand est-ce-que cela sera possible ; évoquant Montesquieu lorsqu’il disait que « La lenteur de la justice, c’est le prix à payer par les citoyens pour leur liberté » comme pour justifier le temps que risque de prendre cette affaire pour que la justice soit dite.
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Inquiétudes de la famille et des proches
S’étant battus contre son extradition vers Kinshasa, c’’est une réelle déception et une peur tangible qui sont exprimé ce soir par sa famille comme ses proches depuis le transfèrement de John Tshibangu à Kinshasa par la Tanzanie. Là où son épouse Charlène Lukanu parlait d’une « mort » certaine si son mari était livré à Kinshasa, son mouvement politico-militaire ; par son Directeur de Cabinet Thierry Kyalumba Kabonga dit craindre qu’il y ait une « atteinte à sa vie » dans un bref communiqué dans la journée depuis Dar Es Salam en Tanzanie.
Affirmant que « La lutte continue » et que la « Victoire est au peuple congolais », on peut notamment y lire : « Aussi, à ce stade des événements et craignant pour sa sécurité, la direction du FPCD exige du gouvernement congolais de présenter le Lieutenant-Général John Tshibangu vivant devant la presse tant nationale qu’internationale et devant les associations des droits de l’homme. Nous exigeons à l’Etat congolais de garantir son intégrité physique et demandons qu’il soit gardé dans un lieu sûr où sa sécurité sera assurée et d’organiser un procès que nous voulons juste et équitable. Nous appelons toutes les organisations de droits de l’homme et les médias du monde entier de faire large diffusion de ce message afin de sensibiliser l’opinion tant nationale qu’internationale sur la situation du Lieutenant-Général John Tshibangu afin que le gouvernement de Kinshasa ne puisse attenter à sa vie ».
Pour rappel, c’est depuis la nuit du dimanche 28 au lundi 29 janvier 2018 que le « général » John Tshibangu se serait fait arrêter à Dar-es-Salam en Tanzanie alors qu’il transitait par l’aéroport de ce pays en provenance de Nairobi au Kenya. Entre les mains de la police tanzanienne, on n’en sait exactement rien sur ce qui se serait passé et où il se rendait. Pourtant Thambwe Mwamba annonçait aujourd’hui qu’il aurait été arrêté à la frontière entre la Tanzanie et la RDC.
Ancien officier supérieur des FARDC dans la région de Kasaï et en rébellion contre sa hiérarchie depuis 2014 au nom de ce qu’il a appelé la « vérité des urnes » après les élections de 2011, Tshibangu disait vouloir remettre « l’impérium » au vrai vainqueur de la présidentielle Etienne Tshisekedi. Il s’en était suivi une répression féroce par l’armée lancée à ses trousses contre les villages dans lesquels il était passé.
Signalé un temps en Centrafrique où il avait de justesse échapper à une arrestation, apparemment John Tshibangu vivait entre l’Ouganda et le Sud-Soudan où après plusieurs mois de silence ; on l’a revu en vedette dans une série des vidéos publiée sur des réseaux sociaux. Au milieu d’une clairière en compagnie d’une vingtaine d’hommes armés, il menaçait le régime de Kinshasa incarné par Joseph Kabila et disait vouloir le chasser du pouvoir endéans 45 jours s’il ne respectait pas la volonté du peuple.
Luaba Wa Ba Mabungi / AFRIWAVE.COM
COMMUNIQUE DU FRONT DU PEUPLE POUR LE CHANGEMENT ET LA DEMOCRATIE
La Direction du Front du Peuple pour le Changement et la Démocratie (FPCD) informe avec consternation l’opinion nationale et internationale l’extradition depuis ce matin du lundi 05/02/2018 de son commandant en chef, le Lieutenant-Général John Tshibangu Bonso Ba Muswa vers la RDC. Le Lieutenant-Général John Tshibangu était détenu depuis une semaine dans les locaux de l’Etat-major général de l’armée tanzanienne.
Aussi, à ce stade des événements et craignant pour sa sécurité, la direction du FPCD exige du gouvernement congolais de présenter le Lieutenant-Général John Tshibangu vivant devant la presse tant nationale qu’internationale et devant les associations des droits de l’homme.
Nous exigeons à l’Etat congolais de garantir son intégrité physique et demandons qu’il soit gardé dans un lieu sûr où sa sécurité sera assurée et d’organiser un procès que nous voulons juste et équitable.
Nous appelons toutes les organisations de droits de l’homme et les médias du monde entier de faire large diffusion de ce message afin de sensibiliser l’opinion tant nationale qu’internationale sur la situation du Lieutenant-Général John Tshibangu afin que le gouvernement de Kinshasa ne puisse attenter à sa vie.
La lutte continue. Victoire au peuple congolais.
Fait à Dar Es Salam, Le 05/02/2018
Pour la Direction du FPCD
Thierry KYALUMBA KABONGA
Directeur de Cabinet du Président